Faire appel d'un jugement
pénal
Lorsque
les parties ne sont pas satisfaites du jugement (ou de l'arrêt) rendu en
première instance par une juridiction pénale, elles ont la possibilité
d'interjeter appel afin que l'affaire soit rejugée.
Cette décision étant grave et pouvant avoir de lourdes conséquences il
convient avant de la prendre de peser soigneusement le pour et le contre.
Les informations synthétiques figurant dans cette
rubrique sont communiquées à titre purement informatif et ne peuvent en aucun
cas être utilisées pour la prise d'une décision dans une affaire en cours. Il
est dans ce cas indispensable de consulter un avocat en droit pénal qui sera
seul à même de fournir un conseil adapté.
Qui peut faire
appel d'un jugement pénal ?
Tout
jugement pénal statut systématiquement sur l'action publique d'une part et,
lorsqu'une victime s'est constituée partie civile, sur l'action civile
d'autre part.
L'action publique est celle engagée par le Ministère Public à
l'encontre de la personne soupçonnée d'avoir commis une infraction. Dans la
partie du jugement relative à l'action publique, les juges doivent se
prononcer sur la culpabilité de la personne jugée ainsi que sur la peine. Les
décisions prises par les juges sur l'action publique sont appelées : "dispositions
pénales".
L'action civile est celle mise en oeuvre par la victime d'une
infraction devant la juridiction pénale de manière à se voir octroyer une
indemnisation pour le préjudice subi. Les décisions prises par les juges
sur l'action civile sont appelées : "dispositions civiles".
Le droit d'appel est accordé aux parties par le Code de procédure pénale en
fonction des dispositions du jugement qui sont contestées.
Le droit d'interjeter appel des dispositions pénales (c'est
à dire de la décision prise par les juges sur la culpabilité et la peine)
n'est ainsi accordé qu'aux personnes suivantes (art. 497 et 380-2 du CPP) :
- le prévenu (matière
correctionnelle) ou l'accusé (matière criminelle) ;
- le Procureur de la République ;
- le Procureur général près la Cour
d'appel ;
- les administrations publiques,
dans les cas où celles-ci exercent l'action publique (par exemple en
matière douanière).
Le droit d'interjeter appel des dispositions civiles du
jugement appartient au prévenu et à la partie civile ou à la personne
civilement responsable.
Important : la victime ne peut jamais interjeter appel contre les
dispositions pénales du jugement, c'est à dire la décision du tribunal ou de
la Cour d'assises relative à la culpabilité ou à la peine, son droit d'appel
étant strictement limité aux dispositions relatives à son indemnisation.
Pourquoi faire
appel d'un jugement pénal ?
La
raison de l'appel étant généralement la première question qui est posée à l'appelant
par la Cour le jour de l'audience, il est très important d'être capable de
formuler clairement le motif de l'appel.
Du point de vue du prévenu (ou de l'accusé) trois raisons
principales peuvent motiver un appel à la suite d'une condamnation pénale.
- La première est relative à la
contestation par la personne condamnée de sa culpabilité. Cette dernière
estime ainsi que c'est à tort que la juridiction pénale l'a déclarée
coupable de l'infraction et souhaite que son affaire soit rejugée afin
que son innocence soit reconnue par la Cour d'appel.
- La seconde est relative à la
peine prononcée par la juridiction de première instance. Dans ce cas, la
personne condamnée, sans contester sa culpabilité estime que la peine
prononcée n'est pas adaptée ou est trop lourde et souhaite que celle-ci
soit révisée par la Cour.
- La troisième raison est relative
aux dommages et intérêts que la personne condamnée doit verser à la
partie civile.
Du point de
vue du Procureur les mêmes raisons peuvent être à l'origine de l'appel,
soit que ce dernier estime que c'est à tort que la juridiction a relaxé, ou
acquitté le personne poursuivie, soit que la peine prononcée lui semble
inadaptée par rapport aux faits poursuivis.
Du point de vue de la partie civile le motif d'appel concernera
toujours le niveau des dommages et intérêts alloués.
Quel est le
délai d'appel d'un jugement pénal ?
Le
délai pour interjeter appel est très strictement défini par le Code de
procédure pénale (art. 498 et 380-9 du CPP).
En matière correctionnelle comme en matière criminelle le délai d'appel est
de dix jours à compter du jugement ou de l'arrêt contradictoire.
En cas d'appel d'une partie interjeté dans le délai de dix jours mentionné
ci-dessus, le délai d'appel des autres parties est prolongé de cinq jours.
Lorsque le jugement ou l'arrêt n'est pas contradictoire, le point de départ
du délai d'appel court à compter de sa signification à la personne concernée,
quel que soit le mode de signification.
Quelles sont
les conséquences possibles d'un appel
La
décision de faire appel doit toujours être prise de manière réfléchie et
après une analyse approfondie de la décision rendue en première instance.
- Du point de vue du prévenu
ou de l'accusé
Le
prévenu ou l'accusé doivent tout d'abord identifier la cause essentielle de
leur appel (dispositions civiles, pénales ou les deux).
Si en principe le seul appel du prévenu ou de l'accusé sur les dispositions
pénales ne permet pas aux juges d'appel de prononcer une peine plus sévère
que celle prononcée en première instance, il est important de savoir qu'en
cas d'appel de leur part le Parquet interjette systématiquement un
appel incident qui a pour effet de permettre au contraire à la Cour
d'appel d'aggraver les peines prononcées si elle le souhaite.
En pratique, le risque que la peine prononcée en première instance soit
aggravée en appel existe donc presque toujours et doit être pris en compte
avant d'interjeter appel, surtout si la peine prononcée en première instance
apparaît clémente.
C'est pourquoi il est très fortement conseillé de prendre conseil auprès d'un
avocat en droit pénal afin de cerner les risques de l'appel et ses chances de
succès.
- Du point de vue de la
partie civile
La
partie civile ne peut interjeter appel qu'à l'encontre des dispositions
civiles du jugement. Elle pourra le faire lorsque les juges de première
instance l'ont débouté de sa constitution de partie civile ou de ses demandes
ou bien encore lorsqu'elle n'est pas satisfaite du niveau des dommages et
intérêts alloués.
En cas de jugement de relaxe ou d'acquittement non suivi d'un appel du
Parquet, la partie civile ne perd pas son droit de faire appel. Toutefois, en
l'absence de responsable pénal de son dommage, il lui appartiendra de
démontrer qu'il existe à l'encontre de la personne relaxée ou acquittée des
preuves de la commission d'une faute civile lui ayant causé un dommage et
justifiant l'octroi d'une indemnisation. |